Paloma. Zenit Ceramics.

Juin 2024

 

Lors de notre dernier shooting photo pour la préparation de son prochain book, j’ai eu l’opportunité d’explorer un peu plus l’univers de Paloma, créatrice céramiste de Zenit Ceramics en Haute-Savoie.

Un moment inattendu et des images intimes ont donné naissance à cet entretien.

Paloma est à un moment clé de sa vie, s’apprêtant à devenir mère pour la première fois. Entre ses créations artisanales et les cours qu’elle donne dans son atelier de céramique, elle se livre ici avec simplicité et générosité.

 

Comment est né Zenit Ceramics ? Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Zenit Ceramics est le fruit d'un long parcours mêlant passion pour l'art et exploration de la matière. J'ai toujours su que je voulais faire des études artistiques, depuis mon enfance. Après une formation en menuiserie d’art à Paris, j'ai poursuivi mes études à Bruxelles, à l'École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre.

C’est là, par un heureux hasard, que j’ai découvert la céramique en me perdant dans les couloirs de l’école. À l'origine, je voulais faire de la sculpture, mais cette rencontre avec la céramique m'a captivée. À partir de ce moment, j'ai su que je voulais travailler la terre, et depuis, je n'ai jamais cessé.

Zenit Ceramics est né il y a environ cinq ans, lorsque j’ai décidé de me lancer pleinement dans la céramique utilitaire après des années de pratique plus artistique. Le nom "Zenit" est un clin d’œil à mon nom de famille, Martinez, inversé, et les petites pattes d’oiseaux qui composent mon logo sont une référence à mon prénom, Paloma, qui signifie colombe.

Comment la céramique est-elle venue à toi ?

La céramique est arrivée dans ma vie de manière imprévue, lors de mes études à Bruxelles. Je travaillais déjà avec la terre, mais sans connaître tout le processus de cuisson. C’est en découvrant cet atelier que j’ai réalisé que la terre pouvait être cuite, et que cet art pouvait donner vie à des objets d'une incroyable résistance et beauté.

Cette révélation a été un véritable coup de foudre. Je suis tombée amoureuse de la céramique ce jour-là, et cette passion n'a cessé de grandir depuis.

Comment imagines-tu tes pièces ? As-tu une terre de prédilection ?

Je travaille principalement le grès et la porcelaine, mais je n’ai pas de terre de prédilection. J'aime explorer différentes textures et couleurs : grès blanc, noir, rouge, ou encore porcelaine. Je suis constamment en quête de nouvelles façons de marier ces matériaux.

Mon processus de création est assez instinctif. Je préfère travailler sans trop réfléchir, en laissant les formes et les idées émerger spontanément. Souvent, c'est en faisant des erreurs ou des expérimentations que je découvre des formes intéressantes, que je peaufine ensuite pour les intégrer à ma collection.

Quelles sont tes sources d’inspiration ? As-tu parfois des pannes de créativité et comment les gères-tu ?

Mon inspiration principale vient de la nature, en particulier du monde minéral. Les rochers, les écorces, les formations géologiques comme les stalactites ou les galets me fascinent. Je trouve une grande beauté dans ces éléments bruts et organiques, et j'essaie de les transposer dans mes créations.

L'Asie, et notamment le Japon, influence également beaucoup mon travail, surtout le wabi-sabi, cette esthétique qui valorise l'imperfection et la beauté des objets vieillissants.

Quant aux pannes de créativité, elles sont inévitables dans ce métier. Pour les surmonter, je fais souvent un pas de côté, je me permets de faire des erreurs, de tester de nouvelles choses sans pression. C'est souvent dans ces moments de lâcher-prise que l'inspiration revient, et que des idées inédites émergent.

Que t’apporte au quotidien ce travail de la matière ?

La céramique est pour moi une source inépuisable de satisfaction. Ce métier me permet de me lever chaque matin avec le sentiment de faire ce que j'aime. J'apprécie particulièrement la liberté qu'il m'offre : celle de créer à mon rythme, de suivre mon propre chemin.

Certes, il y a des moments de stress, notamment pour assurer la gestion de mon atelier et répondre aux attentes des clients, mais le plaisir de travailler la terre compense largement ces défis.

Créer de mes mains, voir mes idées prendre forme sous mes doigts, c’est un privilège que je chéris chaque jour.

3 choses qui te motivent chaque jour

Partager ma passion, échanger avec mes élèves et créer du beau

3 musiques qui t’aident à te concentrer quand tu travailles tes pièces

"Hijos del Sol" de Hermanos Giutiérrez

"Merry Christmas Mr.Lawrence" de Ryuichi Sakamoto

"LOVE" de Sofiane Pamart

3 adresses que tu adores dans le Chablais

Le Restaurant Les Allobroges à Thonon pour la fraîcheur de ses plats

L'Hôtel de la Plage à Excenevex pour son petit déjeuner et sa vue face à la Dent d'Oche

Le Caveau de Maison Brandini à Anthy pour ses liqueurs incroyables

Comment appréhendes-tu cette période charnière que sera la naissance de ton enfant ?

Avoir un enfant tout en étant entrepreneure, ce n'est pas la situation la plus simple. Cette dernière année a été un véritable défi, et celle qui arrive s'annonce encore plus intense. Mon métier me demande tellement de temps et d'énergie que je me suis souvent demandé comment j’allais pouvoir concilier cela avec l’arrivée d’un enfant.

Mais l’amour a fini par l’emporter, et les paroles réconfortantes de mon entourage m’ont aidée à gagner en confiance.

Réduire mon rythme, au risque de voir mon chiffre d’affaires baisser ? Choisir entre ma santé et ma sécurité financière ? Ces questions m'ont ramenée à l’essentiel. Même si je vis de ma passion, cela reste un travail. Je ne sauve pas des vies, et je ne suis pas indispensable. Il faudra donc que j’ajuste mon emploi du temps et que je réduise les cours pour un temps.

Mais ce n’est qu’une phase, et je sais que je trouverai un nouvel équilibre.

 
 

Paloma a été photographiée par Marie-Hélène Deméautis dans son atelier de Bons-en-Chablais.

Retrouvez Paloma sur Instagram @zenit_ceramics